Ycone est le dernier projet de l’architecte Jean Nouvel à Lyon, 25 ans après avoir livré l’Opéra. Cette pièce achève la partie Ouest du quartier Confluence. La tour de 15 étages avec ses 92 appartements sera livrée en novembre prochain pour le compte de Vinci immobilier et le Groupe Cardinal. Ce projet a d’ores et déjà été primé par la Pyramide d’Argent et le Prix de l’innovation industrielle.
Le projet s’implante dans le quartier phare de Lyon, Confluence, plus précisément au passage du Panama où est installé le siège régional d’Eiffage, à proximité du centre commercial Confluence et le siège régional de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La particularité de la parcelle réside au fait qu’elle se situe au pied de la voie ferroviaire qui se situe au niveau du R+1, laissant un passage au véhicules et piétons de la traverser. La base du projet est occupée par 660 m2 de commerces ainsi que d’un parking en sous-sol.
Le projet des Ateliers Jean Nouvel est marqué par la géométrie de ces façades. « Parce que les orientations sont différentes, les quatre façades ne sont pas pareilles. Quand on tient compte de tout cela, normalement, ça va mieux. Encore faut-il exprimer ces différences », explique Jean Nouvel. Tel un tableau, les façades jouent avec le dessin de ses menuiseries, offrant diverses silhouettes à la tour selon le point de vue du passant.
Le quartier Confluence a la chance d’être joliment délimité par la rencontre du Rhône avec la Saône mais aussi en arrière-plan, des montagnes. « Dans ce projet, je ne fais qu’une seule chose, je cadre, je ne fais que cadrer. J’aime cadrer. Quand on décide de vivre quelque part, on aime choisir ce qu’on regarde. Il y a beaucoup plus de poétique, beaucoup plus de mystère dans une vue décomposée, choisie, soulignée, encadrée que dans une ouverture qui propose une vue dans sa totalité » commente l’architecte. Cadrer c’est aussi ouvrir l’imaginaire sur ce que l’on ne voit pas. Dans ce paysage varié, agrémenté d’installations comme le stade Gerland ou encore le Musée des Confluences, mais aussi le vieux Lyon que les résidents des derniers niveaux pourront apercevoir au nord ; l’architecte a donc pu profiter de cette richesse urbaine pour y créer des atmosphères différentes à chaque logement.
Reflet de la société ou nouvelle tendance de la société de consommation, ce projet immobilier souligne une fois de plus la tendance à offrir des logements différents pour chacun. Certes, certaines variantes seront faibles, pour des raisons que chaque architecte connait, mais elles seront là. De plus, on notera que les architectes n’ont pas seulement joué sur les cloisons, dont l’aménagement intérieur a été confié à RBC Design, mais aussi sur les hauteurs sous plafonds qui varient de 2,60 à 3 mètres selon les niveaux.
L’immeuble se distingue par des espaces intermédiaires, des entre-deux qui permettent de sortir prendre l’air, de s’oxygéner. « J’ai commencé par établir une sorte de filtre végétal qui permet à ceux qui vont vivre là de se sentir bien, chez eux, de ne pas ignorer les voisins et même de leur faire un cadeau. Ce filtre permet aussi d’identifier le bâtiment comme un lieu un peu plus calme que ses voisins et d’amorcer un espace public dont le bâtiment serait le centre, même si c’est un micro espace public qui propose des niveaux différents », explique Jean Nouvel.
Sur la première peau se dessine le jeu de géométrie déjà évoquée, sur la seconde, un jeu coloré vient se mettre en place. C’est donc une rencontre entre une composition géométrique et une composition chromatique qui s’épaissis d’un ou deux mètres selon les appartements. La composition chromatique suit une stratification qui se lie verticalement avec l’enveloppe mais aussi dans les arbres qui viendront agrémenter le projet. Plus la personne montera dans les niveaux, plus les feuilles seront légères.
Jean Nouvel nous offre à travers ce projet une palette de vitrage, jouant avec 21 couleurs différentes mais aussi 5 vitrages différents (verre imprimé, verre réfléchissant, verre clair). Le projet s’achève par deux coiffes légères.